Bugadières*…


Depuis la veille au soir la charrette est chargée
D’énormes et lourds ballots de linge à laver
Ramassés sur le tard dans des foyers prospères.
Départ au petit jour, direction Les Moulières.

L’ânier n’est pas tout seul pour s’en aller matin
Des filles l’accompagnent pour faire le chemin
Elles chantent gaiement pour se donner courage
Car là haut au bassin, c’est le jour du lavage.

Que la côte est abrupte au départ de l’église,
Pour un peu l’oublier on dit mille bêtises
Des histoires de lit, des histoires coquines
C’est le moment rêvé d’habiller* sa voisine.

Après être arrivé presque aux Quatre Chemins,
La caravane stoppe et se repose enfin.
Elles ont tant à faire nos belles bugadières
Mot traduit en seynois qui se dit lavandières.

Au vallon des Moulières une fois arrivées
C’est un concert d’oiseaux, le bruit d’un ruisselet
Un bruissement de vent, un frisson d’aubépines
Qui sont venus chanter nos belles citadines.

Et puis, agenouillées comme dans la prière
La brosse et le battoir en guise de bréviaire
Caquetant, commentant ces ragots imbéciles
Qu’elles répèteront le soir, au retour dans la ville.

*C’est au vallon des Moulières sur la route du Mai, que nos bugadières (lavandières) venaient depuis La Seyne laver leur linge et aussi celui des autres. En suivant le chemin de La Ferme en direction de la forêt, on peut retrouver par un petit chemin vicinal, les vestiges du bassin. On peut aussi apercevoir sur la façade d’un immeuble au bas de la rue Jacques Laurent, une plaque portant l’indication, LesMoulières 4 km500.

*Habiller quelqu’un, dans le langage local c’est principalement lui tailler un costume à sa mesure.

par Henri Giovannetti
Illustrations ©Solimages

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