Angéla...

Dites moi mes enfants si j'ai l'air d'un vieillard,
J'essaie en tous les cas d'en rien laisser paraître
En ne veux entonner le beau chant du départ
Sans vous avoir avant, adressé cette lettre.

Il était une fois... à l'école laïque
Le poêle en fond de classe et le plumier en bois
Les vêtements froissés dans des luttes épiques
Face à des ennemis bien plus âgés que moi.

Préau de Martini qui claque ses galoches,
Récréations trop courtes, distribution de lait
Et le signal méchant de la maudite cloche.
"En rang et en silence, allez, vous avancez!"

Les encriers remplis de noyaux de cerises
En multiples couleurs et, sorties aux récré
Les billes, les toupies et les agates grises
Qui déformaient les poches de nos vieux tabliers.

Je me souviens toujours de la douce Angéla
De ces feuilles enflammées laissées dans la cachette.
Bien des années après peut être qu'il y a
Dans ces endroits cachés, ces preuves d'amourettes.

C'est pas du tout sérieux de fréquenter les filles
A cet âge surtout... je n'avais pas douze ans,
J'ai donné aux copains toutes mes jolies billes
Et j'ai crû que j'étais enfin devenu grand.

            par Henri Giovannetti
            Illustrations ©Solimages

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